Une nouvelle mesure de la réforme judiciaire, qui divise le pays, a été adoptée en première lecture dans la nuit de lundi à mardi : l’annulation de la clause dite de « raisonnabilité ». Ce mardi 11 juillet marque une nouvelle journée de mobilisation en Israël. 

 

Ce texte, s'il est adopté définitivement, après deuxième et troisième lecture, servira à empêcher la Cour suprême de se pencher sur le caractère « raisonnable » des décisions du gouvernement. Cette mesure « affaiblit la démocratie », réagit l'opposition. Au contraire, elle la « renforce », assure le Premier ministre Benyamin Netanyahu.

L’affrontement dure depuis le début de l’année au sujet de la réforme judiciaire. Israël est divisé, deux visions de l’État se confrontent et la fracture est profonde. Pourquoi et comment ? Voici un résumé de la situation traversée par Israël ces derniers mois.

D’un côté, il y a un Premier ministre, Benyamin Netanyahu, et sa coalition de partis religieux et de l’extrême droite, déterminés à mener une réforme de la justice. « Elle est nécessaire », répètent-ils. De l’autre, il y a l’opposition, soutenue par la rue. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté toutes les semaines, parfois tous les jours, pour bloquer ce projet controversé.

 

Manifestations

À contestation inédite, pression inédite. En mars, la situation est insoutenable. Le pays est bloqué, le gouvernement lève le pied et la réforme est suspendue. On fait une pause, on discute, c’est un dialogue de sourds. Aucun résultat ne s’en dégage. La machine est remise en route. « Comme des voleurs dans la nuit, le gouvernement a voté l’annulation de la clause de raisonnabilité », réagit ce mardi matin le chef de l’opposition Yaïr Lapid. Pour lui, c’est une mesure « antidémocratique ». Elle affaiblit la Cour suprême au profit d’un gouvernement qui rêve de se doter des pleins pouvoirs.

« La lutte n’est pas terminée », dit-il. L’aéroport, les autoroutes, les villes… C’est une journée de blocage national. Le pays s’arrête une nouvelle fois pour dire « non » à cette réforme. Même endroit, mêmes slogans, mêmes banderoles brandies depuis sept mois. Amnon, soixante-dix ans, manifeste avec détermination. « Le gouvernement souhaite imposer une réforme antidémocratique. Mais il n’y parviendra pas », assure avec assurance ce vétéran de l’armée. « Jusqu’à présent, aucune loi n’a été adoptée de manière définitive. Ils ont fait passer des lois en première lecture uniquement. Le peuple ne va pas perdre cette bataille face au gouvernement, car personne ne veut renoncer à sa liberté. Et le gouvernement sait à qui il a affaire. Donc moi, je vois le verre à moitié plein, et même un peu plus qu’à moitié plein. »

« Honte », scande la foule réunie à l’entrée du Parlement. Limor enseigne juste en face, à l’Université hébraïque de Jérusalem. Elle a traversé la rue pour se joindre au rassemblement. Une mobilisation nécessaire, insiste la jeune femme. « Cette bataille contre le gouvernement est dure, mais nous devons la mener, soutient-elle. Il s’agit de défendre l’essence même de la démocratie israélienne. On ne peut pas se permettre le luxe de rester à la maison sans agir. Si ça se trouve, dans deux semaines, ce gouvernement interdira toute manifestation. Donc la population doit descendre dans la rue pour protester devant l’extrême gravité de la situation. »

rfi

 

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