Un nouveau texte interdit de faire entrer dans les hôpitaux de l’État hébreu les aliments à base de blé notamment, et contenant du levain. Et ce n'est pas pour des raisons sanitaires ou diététiques.

La fête de Pessa'h (la Pâque juive) commémore la sortie d’Égypte, l’exode du peuple juif, qui fuit le pharaon qui les réduisait en esclavage. Un départ précipité vers la Terre promise, durant lequel les enfants d’Israël n’ont pas le temps de cuire leur pain. Depuis, c’est la tradition : à Pessah les juifs ne mangent plus de pain et plus de pâtes notamment. Et tout ce qui contient de la levure, le hametz.

Dans les supermarchés, les rayons où sont d’ordinaire exposés ces produits sont même recouverts de grandes bâches en plastique. Durant cette période, ces aliments ne sont plus en vente. Si on suit la tradition à la lettre, l’État hébreu ne devrait même plus les avoir en sa possession. Pour éviter de les détruire, une solution existe : toutes ces denrées sont vendues symboliquement à un Arabe israélien, donc un non-juif, qui les revend à la fin de Pessa'h, à Israël.

Respecter la tradition dans les hôpitaux ou non ? C’est la question qui divise la société israélienne depuis des années. Chez soi, chacun est libre de faire ce qu’il veut. Mais dans les hôpitaux, religieux et laïcs sont forcés de cohabiter.

Les premiers expliquent : il faut respecter notre foi et ne pas apporter de pain. Les seconds rétorquent : il faut respecter notre liberté, on mange ce qu’on veut.

De la directive à la loi

Dans le passé, le rabbinat israélien avait déjà déposé des requêtes pour interdire d’apporter son pain à l’hôpital durant Pessa'h. La Cour suprême israélienne avait alors tranché : « Il n’y a pas à discuter, le pain est autorisé dans les hôpitaux. » Cela avait provoqué l’indignation des religieux.

Les religieux, qui sont aujourd'hui au pouvoir, prennent donc leur revanche. Ce n’est plus une simple directive qu’ils énoncent, mais une loi en bonne et due forme, adoptée au Parlement. Dans le détail, ce nouveau texte prévoit de laisser une marge de manœuvre aux directeurs des hôpitaux. Ce sont eux qui doivent « après avoir pris en compte, les droits et les besoins des patients et des employés », décider du niveau des restrictions. Interdiction totale ou partielle, d’apporter du pain à l’hôpital. L’enjeu, c’est également de pouvoir ou non, fouiller les gens à l’entrée. 

Dans les hôpitaux, patients et soignants de différentes religions 

Israel Hofsheet, une organisation qui défend la liberté religieuse, dénonce une loi destructrice et coercitive. Car il n’y a pas que des juifs dans les hôpitaux israéliens. Dans tous les établissements de santé, les patients comme les médecins et les infirmiers sont également arabes israéliens ou Palestiniens, musulmans ou chrétiens.

Que dire donc à un médecin musulman, qui en ce moment fait le ramadan, qui vient travailler et soigne indistinctement juifs et arabes, et qui en fin de journée doit rompre le jeûne ? « Ramadan Karim », votre pain reste dehors. 

 rfi

 

Les vidéos du Jour