Kamaljit Arora, 45 ans, a été formellement accusé mardi du meurtre prémédité de ses deux enfants et de voies de fait causant des lésions contre sa conjointe, qui a subi un important choc nerveux.
Toujours hospitalisé dans un état stable, l'homme ne serait pas en état de communiquer avec un avocat, a indiqué la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Karine Dalphond. Sa comparution a par conséquent dû être reportée à mercredi ou jusqu'à ce qu'il soit apte à comparaître.
Son absence au tribunal n'a cependant pas empêché le ministère public de déposer des accusations contre lui en raison des éléments de preuve fournis par l'enquête policière, a précisé la procureure. Un avocat s'exprimant au nom de l'accusé le représentait devant la Cour lors du dépôt des accusations.
Il est rare qu'une personne soit accusée au criminel sans avoir au préalable pu parler aux enquêteurs et à un avocat. Il s'agit ici de circonstances exceptionnelles.
Selon les informations transmises par les autorités, le père aurait empoisonné ses enfants avant de les noyer, ligotés. Il aurait ensuite cherché à s'enlever la vie, lui aussi avec du poison.
Interrompu par son épouse, il aurait tenté d'étrangler cette dernière. Elle a été transportée à l'hôpital pour traiter un choc nerveux.
C'est une troisième enfant, une jeune femme de 18 ans qui revenait avec sa mère au moment du drame, qui est allée voir une voisine pour demander de l'aide et appeler les secours.
Le drame s'est produit un peu avant 18 h lundi dans une résidence de la rue Lauzon, dans le quartier Sainte-Dorothée, à Laval. À leur arrivée sur les lieux, les services de secours ont découvert le corps d'un garçon de 11 ans, Aaron Arora, et celui de sa soeur de 13 ans, Anzel Arora. Leur décès a été constaté un peu plus tard à l'hôpital.
L'adolescente de 13 ans fréquentait l’école Saint-Martin depuis le début de son secondaire, tandis que le garçon était à l’école Pierre-Laporte depuis le début de l’année scolaire, a confirmé le Centre de services scolaire de Laval à Radio-Canada.
Dans une lettre aux parents, le directeur de l'école Pierre-Laporte, Simon Guilbault-Giroux, les a informés qu'une équipe de professionnels avait été déployée à l’école mardi matin pour soutenir les enfants.
En matinée, les enquêteurs étaient toujours sur place. Un tronçon de la rue Lauzon était encore fermé à la circulation.
La procureure de la Couronne n'a voulu divulguer aucune information sur le contexte familial propre à cette famille.
Un voisinage ébranlé
Selon le voisinage, la famille venait de s'installer dans le quartier. Une famille discrète, d'après les gens rencontrés.
Des voisins, encore ébranlés mardi matin, ont raconté avoir vu des membres de la famille sortir dans la rue, crier et pleurer.
J'ai vu la police sortir une arme et administrer les premiers secours [à un homme], mais le gars ne bougeait pas
, a raconté un voisin.
Ça se fait derrière les portes fermées, alors on ne peut pas imaginer. La seule chose que je me suis dite, c'est "pauvre lui". Il aurait dû utiliser les ressources disponibles en santé mentale
, a affirmé une autre voisine.
À l'Hôtel de Ville de Laval, le maire Stéphane Boyer a affirmé que l'affaire nous saisit aux tripes.
Je pense qu'en étant solidaire avec la famille des victimes, avec le voisinage, on va panser ces blessures-là, on va le surmonter
, a-t-il ajouté.