Dans la nuit de samedi à dimanche, une nouvelle attaque des forces russes contre le port ukrainien d'Odessa a fait deux morts, plus d'une vingtaine de blessés et provoqué la destruction d'une cathédrale orthodoxe historique classée par l'Unesco, a annoncé dimanche Kiev.
Selon un dernier bilan donné par le ministère ukrainien de l'Intérieur, les tirs de missiles russes au cours de la nuit de samedi à dimanche sur cette ville de la mer Noire ont fait deux morts et vingt-deux blessés, dont quatre enfants. L'attaque a eu lieu quelques heures avant une rencontre entre Vladimir Poutine et son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko, un fidèle allié de Moscou. Le président russe a à cette occasion affirmé à Alexandre Loukachenko que la contre-offensive ukrainienne en cours pour repousser les forces russes d'Ukraine avait « échoué ».
Régulièrement visée par des frappes russes, Odessa, dont le centre historique a été inscrit en début d'année par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, a une nouvelle fois été la cible d'une attaque menée par les Russes. « Missiles contre des villes paisibles, contre des immeubles d'habitation, une cathédrale (...) », s'est emporté le président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Il y aura à coup sûr des représailles contre les terroristes russes pour Odessa », a promis le président ukrainien. L'armée de l'air a affirmé que « 19 missiles de divers types » – Onyx, Kalibr et Iskander – avaient au total été tirés par « l'ennemi » dans la nuit, dont neuf ont été détruits.
La Russie a quant à elle déclaré ce dimanche 23 juillet avoir détruit toutes les cibles qu'elle avait visées dans le port ukrainien d'Odessa, assurant que les lieux frappés étaient utilisés pour préparer des « actes terroristes » contre elle. « Cette nuit, les forces armées de la Fédération de Russie ont mené une attaque (...) sur des installations où des actes terroristes contre la Russie à l'aide de drones navals étaient en préparation », a déclaré l'armée russe.
La cathédrale historique « détruite », un « crime de guerre »
« La cathédrale de la Transfiguration, située dans le centre historique d'Odessa, protégée par l'Unesco, a été détruite. Un crime de guerre qui ne sera jamais oublié et pardonné », a déclaré sur Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères. Et un bâtiment qui a déjà une histoire tumultueuse, rappelle notre correspondant à Kiev, Pierre Alonso. Bâtie lors de la fondation de la ville en 1794, elle avait été démolie dans les années 30 par le pouvoir soviétique avant d’être finalement reconstruite il y a une vingtaine d’années dans l’Ukraine devenue indépendante.
Ceux des projectiles qui n'ont pas été interceptés par la défense antiaérienne ont également « causé des dégâts aux infrastructures portuaires, à au moins six résidences, dont des immeubles d'appartements », a précisé l'armée. Autres bâtiments touchés : un théâtre de la vielle ville, ainsi que la maison des scientifiques, une institution installée dans un manoir du 19e siècle. Cette attaque a également entraîné des « coupures de courant », a-t-elle souligné.
« Plus de systèmes de missiles de défense » et de missiles tactiques pour l'Ukraine, a réclamé en réponse le chef de l'administration présidentielle, Andriï Iermak.
Se dressant au bord de la mer Noire, Odessa est une ville stratégique pour le transit maritime dans la région. Elle avait déjà vécu une « nuit d'enfer » jeudi, Kiev accusant Moscou de viser spécifiquement les infrastructures portuaires pour empêcher toute reprise éventuelle des exportations ukrainiennes de céréales. L'Unesco avait « fermement condamné » vendredi des frappes russes contre « plusieurs musées » et des bâtiments historiques du centre-ville, qui « ont subi des dommages ». Une violation de la Convention de La Haye pour la protection des biens culturels dans les conflits armés. Un texte que la Russie a ratifié.
rfi