Jeudi, 26 decembre 2024 00:50:15

 

L’on ne raisonne pas de la même manière lorsque la menace est frontalière. À cinq mois de son départ de la présidence finlandaise après deux mandats consécutifs, Sauli Niinisto s'est exprimé sans ambages sur la guerre en Ukraine dans un long entretien au New York Times. Dans cette interview publiée dimanche, le président sortant, qui a eu un rôle majeur dans l’adhésion de son pays à l'Otan en avril dernier, considère que le déclenchement du conflit par Moscou en février 2022 a sonné comme un «signal d'alarme» pour les Occidentaux.

«L'alarme a sonné fort en février 2022, mais l'entendez-vous encore ? Aussi clairement ?», a interrogé le chef d’État. «Cela pourrait être une bonne question : savoir si tous les Européens prennent conscience qu'il s'agit d'un problème européen», a continué le président finlandais.

Appel à la désescalade

Sauli Niinisto a exhorté à la prudence alors que le conflit, estime-t-il, s’annonce pour durer. Le risque d’escalade jusqu’à une guerre nucléaire est «énorme», a-t-il averti, justifiant ainsi la prudence des Américains et des Allemands dans la livraison d’armes réclamées par Kiev. Les F-16 promis par Washington, promis pour 2023, n’ont encore fait l’objet d’aucun calendrier de livraison officiel. Quant à Berlin, ses hésitations avant de livrer des chars Leopard 2 à l’Ukraine, début 2023, avait été vivement critiquées.

«En Finlande, nous entendons des voix selon lesquelles l'Amérique devrait faire ceci ou cela, a évoqué Sauli Niinisto . Et je voulais juste souligner que s'il y a une escalade vers une grande guerre (...), alors le risque nucléaire devient clairement plus important ». Selon le Finlandais, «il y a une différence entre ceux qui ont des responsabilités et ceux qui n'en ont pas».

Force défensive

Pour le chef d’État, dont le pays partage 1340 kilomètres de frontière avec le voisin russe, la juste position vis-à-vis de Moscou est l’attitude défensive, en entretenant une force dissuasive. Sauli Niinisto a prôné en ce sens le modèle finlandais, alors que son pays recourt à la conscription obligatoire et entretient une réserve active régulièrement entraînée. «Après la guerre froide, nous, Européens, avons appris à vivre une vie toujours meilleure. Décennie après décennie, cela a renforcé le sentiment qu'il était un peu démodé de parler de forces de défense ou même de se défendre, car c’était une chose impossible dans un monde moderne», a-t-il regrettéLa Finlande, elle, a les guerres avec la Russie inscrites «dans (sa) colonne vertébrale», a déclaré le président finlandais, qui se félicite de voir aujourd'hui «un réveil massif» des consciences face à la menace d’une guerre.

Selon le New York Times, le président Niinisto, qui achève 12 années à la tête de la Finlande, conseille régulièrement le président américain Joe Biden au sujet de Vladimir Poutine. Un mois avant l’invasion de l’Ukraine, en janvier 2022, Joe Biden demandait à son homologue d'exhorter le maître du Kremlin à ne pas envahir l’Ukraine. Alors que certaines voix estiment tout dialogue avec Vladimir Poutine inutile ou impossible, le chef d’État finlandais, qui a rencontré à maintes reprises le maître du Kremlin, croit en la possibilité d’une relation avec Moscou. «Je ne parle pas d'une grande amitié», a déclaré Sauli Niinisto, «mais de la capacité de se tolérer, voire de se comprendre un peu».

Le figaro

 

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