Dans un long communiqué publié dimanche au terme d'une réunion de quatre jours, la Conférence des évêques exhorte les gouvernants à « changer » et à oeuvrer sérieusement pour que le référendum constitutionnel en préparation soit « transparent ».
La Conférence des évêques du Tchad se dit « inquiète ». « Les maux que vivent les populations tendent (...) à devenir structurels », dit-elle. Ces maux sont résumés par deux fléaux, ajoute la Conférence : « les tueries et les pénuries ». Des tueries qui se déroulent dans la zone d'orpaillage du Tibesti, selon les évêques, et aussi dans le sud, où « le lot quotidien des populations sont les blessés, les morts, les enlèvements » et les destructions de domiciles.
Quels qu'en soient les responsables directs, disent-ils, « tous ces crimes sont imputables à l'autorité et à la mauvaise gouvernance ». « Le sang et les larmes des Tchadiens ont assez coulé, clament encore les évêques, et il faut que cela s'arrête. » Les pénuries, ajoutent-ils, sont « tout simplement incompréhensibles pour un pays producteur de pétrole ». Ils dénoncent les « calculs cyniques », le « silence de l'État et son absence », et aussi le clientélisme.
S'agissant du référendum constitutionnel en préparation, les évêques disent « craindre » les « manipulations des consciences » comme lors du Dialogue national inclusif et souverain. Et puis « le népotisme, la corruption et toutes les formes d'exclusion ». Ils invitent donc les fidèles à « sortir de leur silence » et à « œuvrer avec courage » pour que le futur référendum « se déroule dans la transparence et la justice pour garantir une paix véritable et durable ».
L'évêque de Moundou, Mgr Joachim Kouraleyo Tarounga, vice-président de la Conférence des évêques catholiques du Tchad, revient sur la responsabilité du pouvoir de transition, notamment dans les violences en cours dans le sud du pays. Il appelle le gouvernement à y mettre fin.
D’abord, les autorités de la région ont beaucoup bafouillé sur cela. (…) Et même les autorités au niveau central ont beaucoup attendu avant de réagir et le président de la République lui-même. Les tueries ont commencé depuis le 7 mai, mais il n’a réagi que le 17 mai. Donc, pourquoi cette indifférence ? On interprète cela comme une manière d’intimider les gens et de les faire fuir. À l’approche du référendum, il n’y aura pas grand monde pour aller voter.
rfi