Le Québec répond désormais à plus de demandes d’aide médicale à mourir (AMM) que la Belgique et les Pays-Bas. Entre avril 2021 et mars 2022, 5,1 % des décès dans la province ont découlé de la procédure légalisée en 2015. Une tendance à la hausse qui se poursuit toujours.
Le nombre de personnes ayant eu recours à l’aide médicale à mourir explose depuis le début de la pandémie : il est passé de 1774 en 2019-2020 à 3663 en 2021-2022.
Le président de la Commission des soins de fin de vie, le Dr Michel Bureau, explique que ces données placent le Québec au premier rang dans le monde à ce chapitre.
« Au Québec, c'est 5,1 % des décès qui [résultent de] l'aide médicale à mourir. Aux Pays-Bas, c'est 4,8 % des décès, et en Belgique, c'est 2,3 %. »
Le Dr Bureau se dit étonné par l’augmentation rapide du nombre de demandes d’AMM au Québec. Selon lui, cette croissance pourrait s’expliquer par le fait que l'aide médicale à mourir est présentée aux patients comme un soin, et non comme une euthanasie.
Cette hausse pourrait-elle témoigner de dérapages dans l’application des normes établies?
Pas du tout. Les Québécois qui reçoivent l'aide médicale à mourir sont en fin de vie. Ils ont des souffrances qui ne peuvent être apaisées et répondent à tous les critères
, répond le Dr Bureau. La Commission des soins de fin de vie analyse toutes les demandes d’aide médicale à mourir pour s'assurer qu'elles soient conformes à la loi.
Et les médecins sont aussi de plus en plus nombreux à l’administrer. La RAMQ a vu bondir de 28 % le nombre de médecins qui lui ont facturé au moins un acte en lien avec une demande d'aide médicale à mourir en 2021-2022. La majorité d'entre eux ont administré l'AMM plus d'une fois au cours de cette période.
Des disparités régionales importantes
La proportion de décès suivant une demande d'aide médicale à mourir varie grandement d’une région à l’autre au Québec. Dans Lanaudière et dans le Bas-Saint-Laurent, près de 9 % des personnes décédées en 2021-2022 ont reçu l'AMM. À Montréal, c’est moins de 4 %.
Le taux d'acceptation des demandes d’aide médicale à mourir varie aussi énormément d’une région à l’autre. Par exemple, dans Chaudière-Appalaches, 98 % des patients qui formulent une demande d'AMM y accèdent. À Québec, cette proportion baisse à 75 % et, à Montréal, elle glisse à 54 %.
Radio Canada